Afrique du Sud : un “pharmerging market”

3,9 milliards de dollars, une croissance annuelle de 6% estimée entre 2014 et 2018, voici quelques chiffres symboliques du marché pharmaceutique sud-africain, porte d’entrée sur l’Afrique Australe. Outre ses nouveaux besoins liés aux phénomènes démographiques classiques, l’Afrique du Sud, consciente des enjeux à la fois industriels et de santé publique, engage des politiques volontaristes. Explications et analyse de ce marché très spécifique…

Accélération des délais de mise en marché, programmes de régulation, politiques d’industrialisation pour développer l’industrie pharmaceutique locale, mise en place d’un système de santé ambitieux ce qui reste assez rare sur le continent. Autant d’atouts qui ne peuvent qu’intéresser les « Big Pharma » en quête de relais de croissance face à la baisse des marchés américains ou européens. Mais les acteurs locaux n’ont pas dit leur dernier mot !

La problématique des génériques

On le sait, l’innovation et les brevets sont longtemps fait vivre l’industrie pharmaceutique et façonné son modèle économique. Elle est aujourd’hui confrontée à la perte de nombreux brevets des années 1980-1990 qui tombent dans le domaine public, obérant ainsi sa rentabilité. Les génériques deviennent donc un des enjeux majeurs de l’industrie. Les mastodontes du secteur doivent chercher des croissances en volumes plutôt qu’en valeur, alors même que des acteurs locaux sont en capacité de fabriquer ces génériques. Les pays occidentaux sont souvent arrivés trop tard sur ce marché à potentiel que des fabricants chinois et indien, Cipla par exemple, ont cherché à conquérir avant les années 2000 en construisant de nombreuses usines. L’Afrique du Sud est le 3ème consommateur de médicaments génériques, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne.

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Quelle stratégie face à ces bouleversements ? L’exemple de Sanofi

Sanofi est la première industrie pharmaceutique implantée sur le continent africain comme sur l’ensemble des marchés émergents. L’entreprise a suivi une logique de diversification territoriale, s’est implantée localement y compris dans le secteur des médicaments génériques. Sa stratégie ? Plutôt que d’exercer son lobby contre les réformes qui favorisent le marché des génériques, les soutenir pour contrer ceux de ses concurrents encore dépendants de médicaments exclusifs, Pfizer par exemple. Sanofi utilise également sa bonne image, ses partenariats humanitaires pour s’imposer dans l’écosystème pharmaceutique des pays émergents. Et pour lutter contre les géants du générique et les producteurs locaux, l’entreprise développe des partenariats public/privé et privé/privé, et poursuit ses investissements sur le continent.

Sources : Deloitte, Ecofin 2012

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